L’abandon de formation est une situation plus répandue qu’on ne l’imagine, notamment dans un contexte où les reconversions professionnelles se multiplient. Qu’il soit motivé par des raisons personnelles, professionnelles ou liées au contenu de la formation, interrompre un parcours d’apprentissage n’est jamais anodin. Cette décision peut engendrer diverses répercussions selon le mode de financement et le statut du ou de la bénéficiaire. Dans cet article, Même Pas Cap! liste les motifs d’arrêt les plus courants, en évoque les conséquences et propose des pistes pour transformer cette expérience en un nouveau départ.
L’interruption d’une formation, même en début de parcours, trouve souvent son origine dans des événements qui échappent à la volonté de l’apprenant∙e. Les urgences personnelles et familiales représentent la majorité des abandons de formation. En tête se trouvent les problèmes de santé : une maladie soudaine, une hospitalisation imprévue ou la nécessité d’un arrêt de travail prolongé (justifié par un certificat médical), qui rendent impossible de poursuivre le cursus.
Une grossesse ou un accident grave font aussi partie des imprévus. Le besoin d’assumer un rôle d’aidant∙e familial∙e ou encore un déménagement impératif bouleverse l’organisation quotidienne. L’accident ou le décès d’un ou d’une membre de la famille au premier niveau (c’est-à-dire le/la conjoint∙e, un∙e parent∙e ou un∙e enfant) est également un motif de force majeure qui nécessite l’arrêt immédiat de l’apprentissage.
Ces événements justifient l’abandon de la formation et doivent faire l’objet d’une déclaration rapide auprès de l’organisme de formation.
D’autres arrêts sont motivés par une évolution professionnelle inattendue. Le motif le plus fréquent est la reprise d’un emploi. Lorsque l’apprenant ou l’apprenante retrouve un poste après son inscription, mais avant la fin théorique de sa formation, cela va de soi qu’il ou elle privilégie cette opportunité. Cette situation est généralement reconnue comme un motif d’abandon de formation légitime.
Par ailleurs, pour le salarié∙e, la poursuite de la formation est susceptible d’être compromise par des changements internes à son entreprise. C’est le cas lors d’une mobilité interne ou d’un changement d’employeur qui rend également la poursuite difficile, voire incompatible avec le planning de formation.
Autre cas de figure : lorsque l’employeur est contraint de refuser ou d’annuler le congé de formation en raison d’un impondérable lié à l’organisation de l’entreprise ou du service. Dans ces situations, l’abandon n’est pas un choix, mais une nécessité administrative ou logistique.
Il faut savoir que les motifs d’abandon de formation ne proviennent pas toujours de l’apprenant∙e ou de son environnement professionnel. Ils proviennent parfois aussi de la qualité et de l’organisation de la formation elle-même. Eh oui, quelle déception de se rendre compte que le contenu du programme est inadapté aux attentes initiales ou ne correspond pas au projet professionnel visé ! Il est possible que le cursus soit trop théorique, pas assez professionnalisant ou, au contraire, trop éloigné du niveau du ou de la stagiaire.
La pédagogie joue également un rôle clé. Une mauvaise méthode d’enseignement, le manque de disponibilité ou d’écoute des formateurices, des problématiques organisationnelles récurrentes sont à même d’entamer fortement la motivation. Par ailleurs, avec le boom de l’apprentissage à distance, les difficultés techniques peuvent devenir un véritable motif d’interruption de la formation, comme une plateforme d’e-learning inaccessible, des outils qui fonctionnent mal ou encore un manque de support technique efficace.
La première incidence de l’abandon de formation que nous pouvons citer est d’ordre financier, notamment concernant la question du remboursement des frais de formation. Il faut garder en tête que les règles en la matière dépendent du dispositif de financement mobilisé (à savoir par l’intermédiaire du CPF, de France Travail, d’un OPCO, de fonds propres) et de la date d’interruption. Si l’abandon est jugé injustifié, vous pouvez vous voir facturer une partie ou la totalité des coûts de formation, voire l’application de pénalités pour les modules déjà commencés, même en cas de motif légitime.
Ensuite, l’arrêt de la formation a une incidence sur votre rémunération. Si vous êtes demandeur ou demandeuse d’emploi, le maintien de l’allocation d’aide au retour à l’emploi formation (AREF) ou de la rémunération de formation de France Travail (RFFT, ex-RFPE, rémunération des formations de Pôle emploi) peut être remis en cause, tout comme le salaire versé par votre entreprise. Il est impératif de prévenir France Travail ou votre employeur rapidement afin d’éviter le versement de sommes indûment perçues – qui devront être ensuite remboursées.
Sur le plan administratif, un abandon non encadré peut entraîner la non-acceptation d’un autre financement s’il ne repose sur aucune raison valable. Les organismes publics exigent souvent la justification d’un motif légitime (maladie grave, embauche, force majeure) afin de s’assurer que vous ne privez pas d’autres bénéficiaires d’accéder à ces dispositifs. Sans preuve valide, vous pouvez être soumis∙e à une période de carence avant de pouvoir solliciter une nouvelle prise en charge.
De plus, l’arrêt de l’apprentissage engendre des conséquences sur votre compte CPF ou sur la relation avec votre hiérarchie, surtout si la formation était prévue dans le cadre du plan de développement des compétences. Une mauvaise gestion de l’interruption de formation peut laisser une trace dans votre dossier, compliquant de futures mobilisations de droits. C’est pourquoi il est essentiel de respecter scrupuleusement les formalités de désinscription pour minimiser tout effet négatif sur de prochaines demandes.
Évoquons maintenant d’autres conséquences, mais cette fois qui ne sont pas tangibles : les retombées psychologiques. Mettre fin à une formation induit un sentiment d’échec, une perte de motivation, de la culpabilité et une perte de confiance en soi, notamment en vos capacités à mener à bien un projet. Cette fragilité émotionnelle provoque parfois un frein à une évolution ou à une reconversion.
Sur le plan professionnel se pose la question de la perception de l’abandon sur le CV et en entretien d’embauche. L’abandon crée une démarche inachevée qui nécessite une justification claire et honnête face à un recruteur ou une recruteuse. Plutôt que de cacher cette expérience, il est conseillé de la présenter comme un réel apprentissage. Vous faites ainsi preuve de lucidité sur l’inadéquation du projet initial, mais aussi sur la capacité à rebondir et à prendre des décisions difficiles, mais nécessaires, pour la suite de votre carrière.
L’abandon de formation est souvent le reflet d’une mauvaise préparation. Sécuriser votre projet en amont est le meilleur moyen contre une interruption prématurée. Pour ce faire, définissez bien et faites valider votre projet professionnel. Comment ? Grâce à des dispositifs d’accompagnement adaptés, à l’instar du bilan de compétences. Cet outil permet de confronter vos aspirations, vos compétences réelles et vos contraintes personnelles avec les exigences du métier et de la formation visée.
Autre point important : examiner l’ensemble des éléments qui composent la formation. C’est-à-dire la vérification des prérequis, l’étude des modalités pédagogiques (rythme, présentiel, à distance…), la durée et le financement. Cette démarche garantit une adéquation optimale entre votre projet, la formation choisie et vous.
Même après une préparation minutieuse, des difficultés peuvent survenir. Pour éviter de vous retrouver seul∙e, il est judicieux de vous faire accompagner par un conseiller ou une conseillère en évolution professionnelle (CEP), entre autres. Ce∙tte professionnel∙lle se révèle être un soutien précieux pour identifier les signaux d’alerte et trouver des solutions.
De même, au sein de l’organisme de formation, osez demander de l’aide en cours d’apprentissage. Il s’agit, par exemple, de solliciter un aménagement des horaires ou bien la mise en place d’un tutorat renforcé en cas de difficultés.
La toute première démarche post-abandon doit être introspective. Il est essentiel de prendre du recul et d’analyser objectivement et en toute transparence les raisons de cet échec. Était-ce un manque d’engagement, un problème de contenu ou une contrainte logistique ? Sachez qu’il est possible de valoriser malgré tout l’expérience vécue. En effet, même inachevée, une formation apporte des connaissances et permet de développer certaines soft skills. Pour ce faire, identifiez les modules validés, les compétences acquises et intégrez-les à votre parcours professionnel comme une étape de réflexion et de maturation.
Une fois toutes ces actions effectuées, il est temps de reconstruire un nouveau projet solide. Pour cela, le bilan de compétences redevient un précieux allié. Il sert, cette fois, à vérifier si l’objectif initial était le bon ou s’il faut vous orienter vers une nouvelle voie professionnelle. Pour ne pas perdre votre investissement initial, il est possible d’envisager une validation des acquis de l’expérience partielle de la formation interrompue ou, si l’expérience professionnelle est suffisante, une validation totale.
Ces démarches permettent de mettre en avant votre expérience acquise et de préparer une future formation mieux adaptée, en étant cette fois armé∙e de toutes les connaissances nécessaires pour aller jusqu’au bout.
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