Le syndrome du sauveur pousse certaines personnes à aider à tout prix les autres et à toujours vouloir se rendre utiles, quitte à s’épuiser ou à s’oublier. Souvent perçu comme une qualité dans le monde du travail, ce comportement peut pourtant créer des déséquilibres relationnels, générer de la frustration et freiner l’épanouissement professionnel. Dans cet article, Même Pas Cap! explique ce qui se cache derrière cette posture du sauveur ou de la sauveuse, les signes qui la caractérisent et comment s’en libérer, et ce, afin de retrouver une vie pro plus saine.
Le syndrome du sauveur est la nécessité presque permanente d’aider les autres, de se rendre indispensable, parfois au détriment de ses propres besoins ou limites. Cette attitude peut, au premier abord, venir d’une bonne intention. Néanmoins, elle dissimule souvent un désir inconscient de se sentir important∙e ou d’avoir le contrôle. Dans le milieu professionnel, cela se traduit par quelqu’un∙e qui s’occupe des tâches ou des problèmes de ses collègues sans qu’ils ou elles lui aient demandé. Cette personne souhaite se rendre constamment disponible et essaie de tout arranger autour d’elle… tel un vrai sauveur ou une vraie sauveuse !
Par ailleurs, il est important de bien distinguer le syndrome du sauveur de l’entraide naturelle ou du soutien ponctuel. Ce comportement est répétitif, souvent compulsif, dans lequel le sauveur ou la sauveuse se sent exister uniquement en étant utile aux autres. Il peut, en plus, engendrer un sentiment d’injustice ou de frustration lorsque l’aide n’est pas reconnue.
La posture du sauveur ou de la sauveuse n’apparaît pas, comme ça, un beau jour. Il faut remonter, en règle générale, dans l’enfance, aussi bien dans le milieu familial que scolaire. Par exemple, prendre soin des autres dès son plus jeune âge aux dépens de son propre développement émotionnel peut être l’une des origines du syndrome du sauveur. De même, avoir été valorisé∙e seulement pour son utilité ou sa disponibilité amène à penser ou croire que sa valeur dépend de ce que l’on a apporté aux autres. Cela explique pourquoi certains individus endossent le rôle de sauveur ou sauveuse.
Sur le plan social, le fait de se dévouer à autrui peut aussi accentuer cette posture. Dans le monde de l’entreprise, les personnes toujours prêtes à donner un coup de main sont souvent félicitées, ce qui encourage à entretenir cette façon d’être, même si elle va à l’encontre de leur santé mentale. Enfin, dans des environnements peu ou moins encadrés ou structurés, ou alors avec des rôles mal définis, les sauveurs ou les sauveuses comblent les vides, renforçant davantage ce besoin d’aider à tout prix.
Il n’est pas toujours facile d’identifier ce syndrome pour soi-même, tant les comportements associés peuvent sembler normaux ou valorisés dans le monde du travail. Pourtant, certains signes ne trompent pas et doivent vous alerter. Le premier est une incapacité à dire non : vous acceptez toutes les sollicitations, sans prendre en compte votre propre charge de travail ou votre bien-être. Vous ressentez également un besoin constant d’être utile, jusqu’à vous mêler de situations qui ne vous concernent pas directement. La culpabilité est un autre signe révélateur, notamment lorsque vous ne venez pas en renfort à l’un∙e de vos collègues ou que vous imposez certaines limites. Vous vous sentez alors très mal. Régulièrement, vous vous dites que « si vous ne le faites pas, personne ne le fera aussi bien ». Ce sentiment d’être indispensable est typique du rôle du sauveur ou de la sauveuse.
Ces façons d’être créent un véritable déséquilibre dans vos relations professionnelles, car vous vous retrouvez dans une posture parentale ou protectrice vis-à-vis de vos collègues. Or, ils/elles n’ont rien demandé ! Cette attitude finit par générer de la fatigue, de l’animosité ou encore une impression d’isolement.
À long terme, le syndrome du sauveur peut avoir des conséquences négatives sur votre carrière et votre santé. On pense tout d’abord à l’épuisement professionnel, car vous vous imposez une surcharge de travail en voulant résoudre absolument les problèmes des autres. Cela peut conduire à un burn-out ou à une perte de motivation. Si vous occupez un poste de responsable, votre crédibilité managériale peut être mise en cause si vous décidez de vous charger de tout sans rien déléguer.
Concernant le rapport avec vos collègues de travail, un déséquilibre apparaît entre celleux qui deviennent dépendant∙es de votre contribution et celleux qui vous voient plutôt comme quelqu’un∙e d’intrusif∙ve. Cette disparité empêche des relations professionnelles saines et peut créer de la frustration ou des conflits.
Il faut savoir que cette posture du sauveur/sauveuse influence aussi les choix professionnels. En effet, certains individus vont se diriger, inconsciemment, vers des métiers d’aide ou de soutien. Alors, non pas uniquement par affinité, mais parce qu’ils y trouvent une façon de mettre en avant leur valeur personnelle. Cependant, cela peut entraîner une confusion entre vocation et besoin de reconnaissance, et engendrer de la lassitude ou un brown-out. Enfin, ce besoin irrépressible d’être indispensable peut bloquer votre propre évolution professionnelle, car vous êtes trop occupé∙e à gérer ce qu’il se passe autour de vous pour penser à vous et à vos objectifs.
Reconnaître que l’on est « atteint∙e » du syndrome du sauveur est une chose, mais s’en libérer en est une autre, car ce mécanisme est généralement profondément ancré en vous. Il ne s’agit pas seulement d’un comportement, mais souvent d’une manière de vous définir : « Je suis quelqu’un∙e de bien parce que j’aide les autres. » Le fait d’envisager d’abandonner ce rôle peut faire naître une sensation de vide ou de perte de sens dans votre travail. De plus, vous craignez d’être considéré∙e comme égoïste ou d’être rejeté∙e si vous posez des limites. Ce besoin d’aider à tout prix crée également une certaine dépendance à la reconnaissance : compliments, remerciements, sentiment d’utilité… sont autant de gratifications qui rendent le changement difficile.
Ces freins intérieurs expliquent pourquoi certaines personnes restent enfermées dans ce statut, malgré la souffrance que ce dernier provoque. S’en libérer implique de réaliser un réel travail d’introspection, mais aussi de s’entourer d’un environnement professionnel plus rassurant pour apprendre à agir différemment.
Heureusement, il existe des moyens pour se libérer du rôle de sauveur ou sauveuse. La première étape consiste à prendre conscience de ses automatismes. Par exemple, observez vos réactions et recueillez les retours de votre entourage professionnel. Cela vous donnera les premiers éléments pour agir. Ensuite, il est primordial d’apprendre à poser des limites claires. Arrêtez de dire oui à tout et à tout le monde sans culpabiliser ! Vous devez développer votre confiance en vous et vous affirmer davantage. Alors, bien sûr, cela ne signifie pas devenir froid∙e ou distant∙e avec vos collègues, mais choisir en toute conscience quand et comment les épauler, sans pour autant vous sacrifier (tant sur le plan professionnel que personnel). Autre point à travailler : l’estime de soi, afin de ne plus dépendre que du regard des autres pour vous sentir légitime. Vous existez, vous aussi !
Sachez que certaines personnes trouvent un soutien dans des groupes de parole ou du coaching professionnel. Les deux permettent d’identifier des schémas similaires, de sortir de sa solitude et d’expérimenter de nouvelles façons d’interagir.
Pouvoir en finir avec le syndrome du sauveur est aussi du ressort de l’entreprise. En effet, les managers et les responsables RH ont un rôle important à jouer en instaurant un cadre clair, où les fonctions et les responsabilités de chacun∙e sont parfaitement définis. Une entreprise qui encourage l’entraide, le respect et l’équilibre entre autonomie et travail d’équipe favorise à sortir de la posture de sauveur ou sauveuse. Elle peut également proposer une formation sur la communication ou la gestion des émotions, des solutions pertinentes pour changer d’attitude. Enfin, un management bienveillant, capable de repérer les signes, peut aider les collaborateurs et collaboratrices à mieux se positionner, en les accompagnant de manière constructive.
En plus des groupes de parole ou du coaching professionnel, le bilan de compétences est un excellent point de départ pour prendre du recul sur votre façon de fonctionner au travail et entreprendre un changement durable. Il permet d’explorer vos réelles motivations, d’identifier les mécanismes qui vous freinent – comme le syndrome du sauveur. Il aide aussi à redéfinir une manière d’agir plus en accord avec ce qui est important pour vous et avec ce que vous êtes prêt∙e à accepter ou pas.
L’organisme Même Pas Cap! intègre toutes ces dimensions dans son programme. Grâce à une approche bienveillante et sur mesure, vous cernerez mieux vos schémas relationnels, retrouverez une posture professionnelle plus juste et construirez un projet qui vous ressemble. Se libérer du syndrome du sauveur, c’est aussi se donner la possibilité de réussir autrement, sans s’oublier !
Téléchargez notre cahier de rentrée et commencez à construire la vie professionnelle qui vous ressemble !